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Photo du rédacteurMichael Girod

Nouvelles technologies ? Vraiment ?


Voici TIC mais où est TAC ?



Comme beaucoup d’entre vous, je travaille au sein de ce merveilleux milieu que sont les NTIC (encore un acronyme, on adore ça !) - Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Le terme est apparu dans les années 90, pour différencier l’arrivée de technologies en rupture avec les autres, notamment en ce qui concerne l’internet.


Disruptif vous avez dit ?

On a souvent l’impression que les technologies de rupture sont récentes, mais ce n’est pas du tout le cas. Parce que ça veut dire quoi disruptif en fait (expliquez le moi comme si j’avais 4 ans, référence de pop culture, encore une) ? “Qui perturbe, casse, rompt avec l’existant” selon les dictionnaires. Les différentes révolutions industrielles et techniques ont été la conséquence de ces ruptures, cela remonte donc à quelques siècles au bas mot. Pas très nouveau tout ça finalement …


De l’utile à l’agréable ?


Est-ce que cela change les usages d’une majorité de consommateurs ? C’est le cas pour certaines TIC comme la photo numérique, la vidéo à la demande, la téléphonie mobile.


Et les dernières en date alors ? Dans les plus récentes, on va parler de la Blockchain, de l’IA, du Métaverse, du Cloud. Pour la dernière, c’est devenu effectivement une habitude dans les usages, même si avec le coût de l'énergie qui grimpe, certains commencent à faire marche arrière (car derrière ce cher nuage “virtuel”, il y a bien nombre de machines vibrantes et chauffantes, n’en déplaise à la croyance populaire).


Pour les autres, j’ai quelques doutes personnels, les débouchés actuels sont tellement liés à des tentatives parfois désespérées soit de se rattacher à l’économie réelle, soit de faire des plus-values financières rapides que j’ai du mal à voir une issue intéressante. C’est d’ailleurs l’avis de certains spécialistes (enthousiastes malgré tout, cf. Youtube avec Underscore_ / Micode Michaël de Marliave et Hasheur / Owen Simonin ) qui temporisent en disant qu’il faut laisser du temps pour trouver des utilisations pertinentes et utiles aux consommateurs.


Mais si c’est nouveau, c’est mieux non ?


Avant de détailler mon propos, je vous propose l’échange (imaginaire) entre un vendeur d’une grande chaîne de magasins de bricolage (chuchut pas de marques, vous avez la ref ?) et un consommateur issu d’un sketch de Sellig (comique d’origine lyonnaise largement sous-coté) :

“- Mais monsieur voilà un outil qui vous change la vie !

- Ouah, ça va plus vite ?

- J’ai pas dit qui vous l’améliore, j’ai dit qui vous la change …”


Je repense à cet échange à chaque fois que je vois passer le mot innovation. Nouveau ne veut pas dire systématiquement mieux, mais très souvent différent. Même une évolution ou une mise à jour n'entraînera pas à coups sûr une amélioration, sans compter les régressions surprises (pour l’utilisateur, voire le concepteur !).


Saviez-vous d’ailleurs que le mot innovation avait remplacé le mot progrès ? Constat fait par Etienne KLEIN en 2019 sur une analyse des discours publics. Le progrès est bien le résultat d’une transformation vers un mieux, c’est en tout cas la définition la plus commune. On a donc substitué un mot connotant l’amélioration avec la nouveauté.


Donc le progrès, c’est mieux ? Jusqu’à relativement récemment, j’aurai répondu oui. Mais je me suis rendu compte avec les travaux de @François Jarrige que le mot progrès a été surtout utilisé pour parler d’améliorations techniques qui peuvent aller avec leur cortège d’effets secondaires. Et donc le progrès technologique ne va pas automatiquement de paire avec les progrès sociaux. Alors si je parle de progrès, je préfère que cela concerne les êtres humains dans leur ensemble.


Conclusion ?


Bon alors ces technologies, si nouvelles que ça ? Et bien plus vraiment. Et ça nous facilite la vie ? Et bien pas toujours (et même pas souvent). Dans un monde où le marketing et les communicants sont rois, il devient difficile d’arriver à distinguer le bon grain de l’ivraie (sans tomber dans le tropisme de la novlangue à la 1984).


Aussi, je vous propose, dès que votre technophilie devient trop prégnante, de prendre un peu de recul et de vous demander : “cet outil là, il me facilite la vie ou il me le change ?”


J’espère qu’avec ce petit laïus, vous aurez maintenant à disposition quelques éléments de réflexion … À défaut de réponses toutes faites !

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